360° : Vision de l'invité d'honneur - Agora Mobility Management

Comment abordez-vous le sujet de la mobilité chez La Poste ?
Le sujet de la mobilité est intégré à l’ADN du groupe pour plusieurs raisons :

Du fait de l’évolution de son marché : le transport et la livraison de courriers et de colis a évolué. Au sein du Groupe La Poste, le transport de colis a progressé pour atteindre 1,5 milliard de colis en 2018 contre 300 millions il y a 10 ans et inversement, le courrier représente 10 milliards en 2018 contre 18 milliards il y a 10 ans. Ces deux tendances nous questionnent sur l’évolution de nos activités cœur et donc de la mobilité des objets et marchandises.

Autre sujet pour La Poste, nos missions en tant que service public : nous avons la mission d’être à moins de 5 kilomètres ou à moins de 20 minutes de trajet automobile pour 90% de la population. La façon dont on participe à l’accessibilité à nos services par nos clients et les citoyens est également un sujet intégré à notre ADN et la mobilité des personnes en fait don partie.

La Poste est devenue une SA depuis 2010. Elle est composée de nombreuses filiales et compte 250 000 collaborateurs pour un CA de 23 milliards dont 25% est généré à l’international. Notre flotte représente 90 000 véhicules dont 50% de VUL (véhicules utilitaires légers).
40% de notre flotte est électrifiée. Nous possédons également 23 000 VAE (vélo à assistance électrique) et 5000 « Staby », scooter à trois roues électriques. Nos chauffeurs parcourent un milliard de km par an. Cela représente 2 milliards avec nos prestataires. Notre empreinte GES (Scope 1, 2 et 3) représente 1,8 million t de CO2 par an.

En termes de mobilités, qu’avez-vous mis en place et que peut-on transposer ?

Deux choses sont à souligner : Un plan de mobilité particulièrement approfondi sur notre siège Parisien (Village La Poste) et une démarche de déploiement d’une méthodologie et d’un kit de mise en œuvre d’un plan de mobilité sur 300 sites du groupe.

- Le Village La Poste est notre siège parisien composée de trois immeubles. C’est un exemple en termes de nouvelles mobilités. 4000 collaborateurs y travaillent. De 2016 à 2018, nous avons déployé notre plan de mobilité qui se décompose en 4 axes :
- Limiter les déplacements en développant le télétravail, les visio-conférences et l’accès aux tiers lieux
- Développer les modes alternatifs de déplacement : utilisation des vélos pour les migrations pendulaires (domicile-travail) avec stations de VAE mises à disposition des collaborateurs
- Développer le recours aux transports en commun qui représentent 70% de la part modale des déplacements
- Baisse de « l'auto-sollisme»: déplacement de collaborateurs qui voyagent seuls en véhicule thermique en encourageant le covoiturage et l’autopartage.

Chaque action fait l’objet d’un suivi annuel régulier.

Nos plans et objectifs sont triannuels. Nous voulons augmenter la part de l’utilisation des VAE de 5% à 10%. Et nous tablons sur un passage de 2% à 4% sur trois ans pour les pratiques de covoiturage.

Notre deuxième grand volet est la mise en place de plan de déplacements, obligation légale liée la loi relative à la transition énergétique de 2015 qui prévoit l’obligation de mettre en place un plan d’action pour les sites de plus de 100 personnes.

Chez La Poste, nous avons identifié 300 sites de plus de 100 personnes :
Pour chaque site, nous avons identifié un chef de projet qui pouvait s’aider d’un kit dédié au plan de déplacements créé par notre filiale Bemobi. A l’origine, Bemobi était un projet de formation en éco-conduite déployé auprès de 90 000 facteurs. Nous avons décidé de capitaliser sur cette internalisation de compétences en créant une filiale spécialisée sur l’éco-mobilité.

Aujourd'hui, l’état des projets est à un bon train d’avancement. 50 % de la cible est impactée par la mise en place des plans de mobilité. Cela concerne 35 000 personnes au total. Rappelons que dans chaque PDM, nous sommes dans une logique de déploiement des 4 axes précédemment cités.

Quid de votre travel policy ?
Sur le sujet de la mobilité professionnelle, nous pouvons préciser que 130 000 km par an sont parcourus. C’est un chiffre en baisse ces dernières années. Notre travel policy est gérée par l'AMEX, une agence de voyage. En outre, on a mis en place une politique voyage qui privilégie les déplacement moins émissifs ( le train plutôt que l’avion si possible), qui propose des solutions multimodales porte à porte.

Votre mot pour conclure ?
Deux sujets à enjeux sont à souligner :

Tout ce qui concerne les gaz à effets de serre, le transport de point à point, la concentration-dispersion. Sur ces sujets, nous visons l’optimisation des transports de masse en mettant un maximum de colis dans un minimum de transports et ainsi limiter l'émission au colis. L’idée est de travailler sur du vrac, des camions dotés de double ponts, de recourir au gaz naturel liquide.2.
La problématique du dernier kilomètre : Nous voulons tendre vers des systèmes de collecte et de distribution les plus propres possible en continuant le développement de flottes électriques, VAE, chariots, logique de consigne et de points relais.

Propos recueillis par Geoffroy Framery