Restitution de la soirée du 24 mai 
« Comment se surpasser ? 
Retour sur un défi hors du commun : le premier franchissement de l'Océan Arctique de l'Alaska au Groenland sur un voilier en solitaire, non habitable, sans moteur, ni assistance »

En quelques mots pouvez-vous nous résumer cette expérience extraordinaire? 

Yvan Bourgnon : « Ce défi est le premier bouclage du passage du Nord-Ouest sur un catamaran de sport en solitaire, sans habitacle, ni assistance. J’ai donc parcouru 7 500 kilomètres en 2 mois sur l’Océan Atlantique et l’Océan Pacifique, en passant par les îles arctiques du grand Nord Canadien pour rejoindre Nuuk  (Capitale du Groenland). Ce passage je n’aurai pas pu l’emprunter il y a 20 ans, aujourd’hui c’est chose possible en raison du réchauffement climatique. »

En quoi les conditions vous ont-elles amené à vous surpasser?

Y.B :  « J’étais tout le temps tendu. Je n’avais pas une minute de répit. Je n’ai pas vu le soleil du 15 août au 12 septembre. C’est surtout la première fois que j’ai ressenti la peur sur l’eau de façon régulière. Tout était fait pour te broyer. Les glaçons qui se déplacent, les cailloux non identifiés, les vents catabatiques, les tempêtes…Le danger était permanent.L’eau est à 3°C en permanence. Tu tombes et c’est fini pour toi. »

Comment définissez vous le fait de se surpasser ?

Y.B : « Ce que j'entend par le fait de se surpasser ? C'est accepter de se mettre en danger, au delà de sa zone de confort même si elle diffère d'un individu à l'autre. Durant mon franchissement de l'Alaska, mon curseur a bougé plusieurs fois et a totalement changé. Le curseur peu importe ou il est placé ; très vite des personnes peuvent se mettre en danger par rapport à ce qu'ils sont capables d'accomplir au quotidien sans être dans le rouge ou à chercher des solutions qu'ils ne trouvent pas. Mais le point essentiel et de vous dire que je ne trouve pas d'autre méthode pour faire sortir autant mes forces et ressources intérieures. C'est là ou l'on se rend compte que l'humain est magique. C'est en situation de danger que l'on fait appel à ses ressources, lors de situations nouvelle auxquelles on avait pas réfléchi.
Par exemple, j'ai été à plusieurs reprises bloqué dans la glace : tout à coup, la solution a coulé de source. J'ai sorti les ancres et je m'en suis servi comme grapin pour accrocher des glaçons. Et ensuite j'ai constitué un puzzle pour briser la glace à la pagaie dans un second temps. Ce sont des choses qui ne me seraient jamais venues à l'esprit en dehors de cette situation. C'est dans ces moments là que l'on trouve des modes d'emplois, des clés et des ressources que l'on n'aurait pas imaginés avant. »

En quoi votre message peut-il être transféré au public de la soirée ?

Y.B : « Quel que soit la mission, on peut sortir de sa zone de confort. Je le vois même à terre. Pour la recherche de sponsors, je n'avais jamais un discours calé pour convaincre un chef d'entreprise. J'y suis arrivé car je me suis retroussé les manches en me persuadant que j'allais y arriver. J'ai appris sur le tas. Les premières fois furent difficiles. Mais la 5e fois, j'ai commencé à être un tueur et la dixième je ne repartais pas sans mon chèque.
Se surpasser c'est savoir être audacieux, appuyer là ou ça fait mal pour la concurrence, et être différenciant. Sur de nouveaux territoires, il faut y aller en acceptant que tu vas te prendre des gamelles. Dans la glace, j'ai fait demi tour 5 fois. Il faut que l'échec soit une composante de l'expérience. Chaque client est différente donc chaque approche l'est également. Il faut faire preuve d'une capacité d'adaptation très forte. »